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Les conférences nationales en Afrique Noire. Une affaire à suivre-de Fabien Eboussi Boulaga

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Les conférences nationales en Afrique Noire. Une affaire à suivre,  est un ouvrage de Fabien Eboussi Boulaga, philosophe camerounais né le 17 janvier 1934. L’un de ses thèmes favoris est la liberté du citoyen confronté aux structures d’oppression. L’ouvrage que nous présentons revient sur ces assises publiques qui avaient pour but de rompre avec le parti unique et d’instaurer des institutions d’un État démocratique. Ce moment de palabres a connu des fortunes variées selon les lieux (Mali, au Niger, au Togo, au Congo et au Bénin, etc). 

 

 

Si le cas béninois a été une réussite, selon Fabien Eboussi. Le Congo a donné l’exemple de ce qu’il ne fallait pas faire. Sans se concentrer sur cette assise, Fabien Eboussi Boulaga pense le « témoin radical » comme la figure du dernier rang qui doit être la personne à partir de laquelle une politique devrait être évaluée de manière critique. Une personne est-elle autonome et libre dans une société ? Cette dernière a néanmoins des personnes qui profitent du « système d’exploitation ». Cette insatisfaction a sans doute été le moteur de ces dialogues nationaux. 

 

 

La première partie intitulée, « l’invention béninoise », « est un précipité réflexif et narratif d’un reportage fait pour le journal, Le Messager, en fin juillet et dans la première quinzaine d’août, en 1991. La suspension momentanée de ce vaillant numéro a empêché la mise en route d’un numéro spécial sur les conférences nationales souveraines du Bénin et du Congo » (p. 8).  Elle évalue la participation à générer cette assise. A ce titre, Eboussi examine le rôle du Peuple, de la Diaspora, les hommes de religion, et les gouvernants. Au sujet de ces derniers le livre est formel : « Le protagoniste de la tragédie africaine est assurément l’État. » (p. 51). S’affrontent, des désabusés de ce système politique et volonté ferme de créer de nouvelles institutions.

 

La conférence nationale sera-t-elle souveraine ? le chef de l’État sera-t-il déchu de ses fonctions ? Mgr de Souza a joué un rôle déterminant dans la conduite et l’accompagnement de cette séance.

 

 

La deuxième partie contient deux critiques de la politique en Afrique sous l’angle d’Eboussi : à savoir, le concept d’hétéronomie et celui chute dans l’état de nature. L’hétéronomie africaine provient de sa division entre les puissances colonisatrices ; celles-ci se sont réparties l’Afrique. Ces pays sous tutelle ont adopté sans critique les constitutions occidentales. L’on comprend pourquoi, ce mimétisme institutionnel aboutit à la violence « antipolitique ». Eboussi mène une critique morale de l’État postcolonial qui est un instrument de mensonge et de tuerie. Que propose-t-il en retour ?  Il pense l’institution de la conférence nationale à partir du désir de mener une action qui institue des institutions raisonnables. Celles-ci devraient être fondées sur la base du crédit attribué aux gouvernants et en cas de manque de crédibilité, le peuple a le droit de retirer sa confiance et de choisir d’autre dirigeants. 

 

Eboussi par une réflexion sur la conférence nationale permet de penser les conditions de possibilité de création d’un lien politique sur la base des valeurs constructives. « Liberté, justice, dignité de la personne, sont des conditions de son bon fonctionnement. Les atteintes à ces « valeurs » sont susceptibles de perturber ou de briser la mécanique de la productivité, et de la production, de compromettre le rendement, les profits, les niveaux de vie. » (p. 164). 

 

 

Pour mieux comprendre la conférence nationale, Eboussi recourt à l’anthropologie africaine. L’essentiel de cette manière de comprendre est de parvenir à l’invention de la liberté dans une communauté qui renonce ainsi à la violence et devient une communauté civilisée. Si le livre est axé sur le traitement du cas béninois, l’on attend le traitement du cas congolais qu’il évoque pourtant ; et quelle évaluation fera-t-il des dites conférences, puisqu’il les a louées comme un acte d’invention collective des libertés.

 

 

François-Xavier Akono, sj. 



01/02/2016
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